Je suis doula et illégitime, d'après certaines.
Depuis quelques temps c’est un sujet qui me chafouine, je vois régulièrement passer des posts ou des commentaires plus ou moins désobligeants sur les doulas ayant choisi de suivre des cursus courts de formation, voire de ne recevoir aucune transmission (et de se baser uniquement sur leurs propres savoirs).
Pour rappel le métier d’accompagnante à la naissance n’est pas reconnu en France, il n’est soumis à un aucun ordre.
De ce fait, peu de subventions sont attribuées pour suivre ces dites "formations". Bien souvent les personnes souhaitant se former sur ce type de métier, payent intégralement le coût de leurs apprentissages.
En ce qui me concerne, c'est mon cas.
Je me tourne donc vers des cursus cours, complémentaires à mes acquis et à mes connaissances.
Je me sens peut être agressée quand j’entends des consœurs remettre en question ma légitimité car j’ai fait le CHOIX de suivre plusieurs cursus courts pour me former.
Qui suis-je pour penser que je suis supérieure à l’autre de par mes connaissances, de par mon expérience et de par mes formations ?
Le nombre d’heures de formation, le nombre de modules suivis, le nombre d’accompagnements sont-ils le reflet de l’âme et des qualités d’une professionnelle ?
Je ne crois pas! Au même titre que ce ne sont pas ceux qui font le plus d’études qui sont plus intelligents, ni même ceux qui sont « en bas de l’échelle » qui sont les moins méritants.
Ces consœurs qui prônent bienveillance et sororité à tout va...Et qui glissent des phrases piquantes enveloppées de petits mots doux "sans jugement, je pense ...".
Mais est-ce de la bienveillance de vouloir rabaisser l’autre sous prétexte qu’il n’a pas suivi tel module de formation ?
Est-ce de l'ouverture d'esprit et du respect de restreindre l’accès à une charte sous prétexte que telle ou telle doula est trop spirituelle?
Est-ce un non jugement total de penser qu’il est illégitime de pratiquer sans certification un métier qui n’est pas reconnu comme tel dans notre pays ?
En toute transparence, ma propre bienveillance s’arrête là où commence mon humanité.
Je tends vers cet idéal mais, dans l’absolu, je suis un humain avec des failles et parfois NON je ne suis pas bienveillante et parfois OUI je rencontre des personnes que je n’apprécie pas.
Là non plus je n’ai pas encore ma certification d’incarnation du Dalaï-lama...
Mon histoire, mon vécu, mon caractère font que, parfois, ma bienveillance à ses limites.
De la même manière que le jugement, nous jugeons tout continuellement, que ce soit positif ou négatif.
Oui je vois et j’entends des choses qui ne collent pas avec mon art de vie, et alors ?
Cela appartient à l’autre, dans sa sphère et sa bulle de vie.
Je sais être professionnelle : ma vie personnelle ainsi que mes croyances restent sur le seuil de la porte des clients chez qui je rentre.
Je laisse ma tenue de maman et ses idéaux sur ce même seuil pour enfiler ma casquette de doula à visage neutre.
J’ai été aide-soignante pendant près de 10 ans.
Sur ces dix années, je n’ai été reconnue officiellement par un diplôme d’état que les deux dernières années. Pourtant, je ne me suis pas sentie moins légitime!
Toute l’expérience que j’ai cumulée pendant huit ans, tout le savoir que j’ai pu acquérir par ma curiosité et ma remise en question perpétuelle m’ont propulsé pendant ma formation d’aide-soignante.
Je suis retournée sur les bancs de l’école sans difficulté et j’ai simplement tendu la main pour récupérer mon diplôme.
L'expérience du monde médical m'a aussi appris à savoir jongler entre ce que moi je souhaitais et ce que mes patients voulaient. Ce savoir-être inné, peut être du à ma grande sensibilité et à mon empathie disproportionné, m'a toujours permis d'accompagner la vie à tous ses stades et sous toutes ses formes.
Donc en toute transparence, une fois de plus, je suis doula car j’ai décidé de l’être et j’incarne totalement ce rôle dans ma propre légitimité.
Je suis en axe avec moi-même, je sais rester à ma place car mon savoir-être me permet de me situer dans mon travail et dans mes limites auprès des couples que j’accompagne.
Je connais à la perfection les compétences qui me sont propres et celles qui relèvent de l’ordre du médical.
Alors sister, si quelqu’un vient te turlupiner sur ta légitimité c’est sans doute que cette personne n’a pas confiance en elle.
C’est sans doute que cette personne a besoin de se sentir plus élevée que toi pour briller.
Aie confiance en qui tu es! Incarne ce que tu as choisi d’être! Et toutes les portes s’ouvriront devant toi.
Les parents ont besoin de gens authentiques qui parlent avec le cœur pour les soutenir. Ils ont besoin d’une main chaude sur la leur, ou d’un mot doux et rassurant. Ils ont besoin d’une oreille attentive et d’une gardienne de leur espace. Ils ont besoin de quelqu’un qui les accueille à bras ouverts, et qui les accompagne sur le chemin de la parentalité.
Ils n’ont pas besoin d’une doula bac + 10 en psychologie de la parentalité.
Ils viennent à toi sans te demander une photocopie de ton diplôme ou de ta certification.
Les mères et les pères qui frapperont à ta porte seront ceux dont les vibes résonneront avec les tiennes.
A propos de l'auteur :
Je suis Morgane, créatrice de la Lunaison de L'éphémère : quantik doula, accompagnante à la naissance, photographe maternité et accouchement, praticienne en massage bien-être prénatal et postnatal, monitrice de portage, conseillère en allaitement et loueuse de tire-lait.
Je me déplace à domicile sur St-Etienne et une bonne partie de la Loire 42 et de la Haute-Loire 43 ou je peux recevoir au cabinet sur St-Jean-Bonnefonds.