La maternité, ce passage de vie qui nous aide à fonder notre tribu.
« Créer son village » est un sujet dont on entend parler de plus en plus, dans le cadre de la grossesse et du post-partum.
Mais alors qu’en est-il ? Est-ce si important ?
Autant pendant neuf mois, mes amis n’ont pas posé soucis, autant une fois avec mon bébé dans les bras, certains sont partis d’eux-même, et pour d’autres j’ai préféré prendre mes distances.
L’arrivée d’un bébé chamboule le cours de la vie, et bouleverse bien souvent les relations de couple, familiales et amicales, que ce soit en un sens positif ou négatif.
On retrouve tellement d’écarts : entre les fossés éducatifs générationnels, les différentes visions de l’éducation et les copains qui n’ont pas d’enfants… Les avis et conseils infructueux fusent, et le moral à zéro pointe très vite son vilain minois.
L’entourage ne comprends pas toujours que l’on ne va plus faire « comme avant ».
Non je ne peux plus sortir danser tous les week-ends (d’ailleurs, il m’aura fallu 19 mois pour franchir le cap de la sortie nocturne !), non je ne peux pas laisser mon bébé s’époumoner devant mes yeux et faire le ménage comme si de rien n’était ; je m’en fiche de savoir que ta fille plus jeune que la mienne ne pleure jamais, ou qu’elle est plus mince ! (sérieusement, on compare déjà la charge pondérale à 3 semaines de vie !).
Les horaires n’existent plus, l’entretien de la maison est relégué au second plan. Il y a cette espèce de pression mentale entre profiter à 200% de son bébé, dormir ET avoir la maison parfaite digne des séries télévisées.
Et cette solitude, on en parle ? On est en plein mois de juillet et tu n’es plus conviée à rien, on prend des nouvelles de bébé mais alors de toi... À croire que l’accouchement offre à la nouvelle mère un statut très particulier de pestiférée...
En post-partum, je me suis sentie isolée et incomprise tellement de fois ! Il m’aura fallu presque 11 mois avant de constituer les prémices d’une tribu pour nous entourer d’amour, de soutien et de bienveillance ma fille et moi.
C'est triste à dire, mais ce ne sont pas les membres de ma famille qui m'ont porté dans ma maternité, ils m'ont accompagnés dans d'autre domaine mais pas dans celui là.
Tandis que certaines amitiés s’éteignent, d’autres naissent, pleines de beauté et de magie. C’est ainsi que je suis devenue marraine d’allaitement, et que cet événement m’a conduit à la porte d’une femme déjà maman et qui attendait sa future princesse. Ce fut la pionnière de mon village.
Le temps a continué de passé j’ai eu la chance de rencontrer des personnes de la jolie communauté instagram « dans la vraie vie », et une rencontre m’a particulièrement touchée (peut-être même surprise ?) : celle d’une lolohelpeuse (de fou ?) investie corps et âme pour sa cause, son conjoint et leurs deux poupées. Bon OK : c’est un peu un miroir cette femme, je dois avouer que sa force de caractère me rappelle un peu la mienne.
En parallèle, mon travail en tant que livreuse de tires-lait et doula m’a délicatement posé sur la route de nombreuses mamans et plusieurs d’entre elles sont sorties du lot par leur gentillesse et leur douceur. À tous ces moments d’écoute mutuelle, de partage authentique et puissant (vous voulez votre prénom les filles ou vous vous reconnaissez ?) je vous dis : Merci. Vous m’avez fait pleurer, vous m’avez fait rire, vous m’avez rendue jalouse avec vos bébés (oui il faut se l’avouer !), vous m’avez nourrie et appris tellement de choses.
Et pour finir toutes ces belles rencontres, et ce hasard pas si hasardeux que ça, mais plutôt cet enchainement parfait que m’a offert la vie. J’ai la joie de compter parmi ces âmes féminines, une doulamie avec qui je me suis associé pour monter notre association « L’Amour en Mère ».
Aujourd’hui je suis entourée d’une tribu magnifique, je pourrai laisser mon enfant chez chacune d’entre vous sans me faire le moindre souci. Vous saurez la materner, la nourrir physiquement et émotionnellement.
Aujourd’hui je suis entourée de nombreuses femmes qui peuvent m’épauler dans mon métier de maman, qui peuvent m’écouter quand je suis au bout du roulot, qui peuvent me prendre dans leur bras quand je sens que je suis en totale déconnexion avec ce monde, ou qui peuvent pleurer avec moi quand la souffrance est trop grande.
Chacune d’entre vous fait écho en moi dans sa vision de vie, dans sa manière d’être et d’éduquer son enfant. Vous êtes toutes différentes et pourtant un point culminant nous rassemble toutes.
Je souhaite que chaque mère puisse fonder son village, son groupe d’amie, sa tribue. C’est tellement puissant et important de se retrouver dans ce que l’on peut appeler la sororité.
Aucune mère ne devrait traverser seule ces passages de vie qui sont si beaux et si durs les premiers temps.
Encore plus en postpartum, quand on sait que la femme est aussi fragile que l'enfant qu'elle vient d'enfanter.
Avoir un village autour de soit et de son enfant rend les maux plus doux, les angoisses moins ardentes, et la culpabilité moins amère.
Cassez l’isolement ! Allez au parc pour enfant ou à la bibliothèque! Cherchez des femmes dont l’art de vie vous parle ! Trouvez des cercles de femmes !
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A propos de l'auteur :
Je suis Morgane, créatrice de la Lunaison de L'éphémère : quantik doula, accompagnante à la naissance, photographe maternité et accouchement, praticienne en massage bien-être prénatal et postnatal, monitrice de portage, conseillère en allaitement et loueuse de tire-lait.
Je me déplace à domicile sur St-Etienne et une bonne partie de la Loire 42 et de la Haute-Loire 43 ou je peux recevoir au cabinet sur St-Jean-Bonnefonds.